Mis en examen en tant que consommateur dans le cadre de l'enquête sur un trafic de produits dopants, André Cordelette, 38 ans, explique qu'il accepte de témoigner parce qu'il a ''vu que le dopage pouvait tuer''. Dans le monde du vélo, ''il est très facile de déraper comme ça m'est arrivé'', affirme-t-il.
A 30 ans, alors qu'il évoluait en ''première catégorie au niveau amateur, qui se trouve juste en-dessous des professionnels'', il a ''commencé par prendre des médicaments qu'on trouve facilement dans le commerce'', ''des dérivés de coupe-faim comme le Dynatel ou le Captagon''. ''Ces médicaments sont connus dans le peloton pour agir comme des amphétamines'', précise-t-il.
Le cycliste est passé au stade supérieur ''en rencontrant un ancien pro sur une course, à Amiens''. ''Il m'a fait une injection à base de Kenacort. C'est de la cortisone'', note-t-il. ''C'est euphorisant et surtout la cortisone anesthésie la douleur pendant l'effort''.
André Cordelette a continué à consommer des amphétamines liquides. ''J'ai appris à me piquer en sous-cutanée puis en intraveineuse'', dit-il. ''J'ai fait une saison d'enfer. Je terminais presque toujours dans les cinq premiers'', se souvient-il.
Puis il est allé se fournir en Belgique, où les produits coûtaient moins cher. ''A cette époque, j'ai senti que je commençais à foutre ma santé en l'air, mais c'était trop tard. J'étais devenu une sorte de toxicomane. Même pendant l'hiver, quand il n'y avait plus de course, je continuais à en prendre''.
Le coureur a alors eu son ''premier pépin cardiaque'', ''une crise de tachycardie''. ''J'ai passé trois jours en observation'', raconte-t-il. Septembre 1999: deuxième ''malaise''. ''Ils m'ont fait un électrochoc et je suis reparti. J'ai enfin compris que j'avais failli mourir du dopage. J'ai passé un an à l'hôpital''. Et après huit mois d'attente, le coureur a reçu une greffe du coeur.