Dopage: un cycliste amateur témoigne

PARIS (AP) -- Un ancien cycliste amateur, greffé du coeur il y a quatre mois, raconte comment il est tombé dans l'engrenage du dopage, dans un article à paraître vendredi dans ''Le Parisien'' et ''Aujourd'hui en France''.

Mis en examen en tant que consommateur dans le cadre de l'enquête sur un trafic de produits dopants, André Cordelette, 38 ans, explique qu'il accepte de témoigner parce qu'il a ''vu que le dopage pouvait tuer''. Dans le monde du vélo, ''il est très facile de déraper comme ça m'est arrivé'', affirme-t-il.

A 30 ans, alors qu'il évoluait en ''première catégorie au niveau amateur, qui se trouve juste en-dessous des professionnels'', il a ''commencé par prendre des médicaments qu'on trouve facilement dans le commerce'', ''des dérivés de coupe-faim comme le Dynatel ou le Captagon''. ''Ces médicaments sont connus dans le peloton pour agir comme des amphétamines'', précise-t-il.

Le cycliste est passé au stade supérieur ''en rencontrant un ancien pro sur une course, à Amiens''. ''Il m'a fait une injection à base de Kenacort. C'est de la cortisone'', note-t-il. ''C'est euphorisant et surtout la cortisone anesthésie la douleur pendant l'effort''.

André Cordelette a continué à consommer des amphétamines liquides. ''J'ai appris à me piquer en sous-cutanée puis en intraveineuse'', dit-il. ''J'ai fait une saison d'enfer. Je terminais presque toujours dans les cinq premiers'', se souvient-il.

Puis il est allé se fournir en Belgique, où les produits coûtaient moins cher. ''A cette époque, j'ai senti que je commençais à foutre ma santé en l'air, mais c'était trop tard. J'étais devenu une sorte de toxicomane. Même pendant l'hiver, quand il n'y avait plus de course, je continuais à en prendre''.

Le coureur a alors eu son ''premier pépin cardiaque'', ''une crise de tachycardie''. ''J'ai passé trois jours en observation'', raconte-t-il. Septembre 1999: deuxième ''malaise''. ''Ils m'ont fait un électrochoc et je suis reparti. J'ai enfin compris que j'avais failli mourir du dopage. J'ai passé un an à l'hôpital''. Et après huit mois d'attente, le coureur a reçu une greffe du coeur.